Page 68 - Vincent_Delavouet
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              avais plié mon pantalon, en guise d’oreiller, pour avoir la
             tête plus haute; j’avais fermé ma porte à clé, mais avais
             retiré la clé de la serrure. C’est alors qu’un « Rat d’hôtel »
              mit à profit cette circonstance pour exercer ses talents. Il
              pénétra dans ma chambre à l’aide de ses fausses clés et,
              voyant ce pantalon plié sous ma tête, ne douta pas un seul
              instant qu’il ne recelât mon argent.
                Aussi, d’un brusque mouvement, arracha-t-il ce pantalon
              et fila prestement avec. Le temps de me réveiller, d’appeler
              au secours, mon voleur était loin. D’ailleurs, j’eus toujours
              une vague idée que l’hôtelier pouvait bien être son complice.
                La perte fut pour moi minime. Le pantalon, seul,
             pouvait avoir de la valeur, et le porte-monnaie qui était
              dans la poche, ne contenait que quelques piécettes blan­
              ches, mes valeurs étant en lieu sûr.
                Ce que je vis de curieux dans les environs, furent des arbres
              gigantesques dans le genre de nos sapins, mais ayant une
              dimension en épaisseur telle qu’un de ces arbres, pourri à
              l’intérieur et vidé permettait de laisser passer entre ses deux
              écorces une diligence avec ses deux chevaux.
                Cette curiosité, ainsi qu’une maison assez importante
              bâtie entièrement sur le tronc d’un de ces arbres gigantes­
              ques, attire de nombreux touristes dans la région.


                                Chapitre XXII

                               Fairbank (Alaska)

                Je passai l’hiver 1901-1902 à voyager et faire mon colpor­
              tage en Californie, sans avoir d’incident intéressant à noter.
                C’est au début de l’année 1902 que je rencontrai, à San-
              Francisco, trois compagnons, prospecteurs d’or, que je con­
              naissais et qui me proposèrent de me joindre à eux pour
              essayer notre chance dans l’Alaska, près de Fairbank, où de
              nouveaux gisements aurifères avaient été repérés un an
             auparavant. Mes trois compagnons abandonnaient les mines
              de Californie, complètement épuisées, pour essayer de tenter
              la fortune dans le nord.
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